Villa Frascati à Barcugnas
Au rond-point de la Lionne
10 passage des Abeilles

Villa Frascati
La villa est construite en 1899 par M. Despouy.
Elle sera dévolue à la location lors de la saison thermale.
La villa a été le siège social de la société d’études pour l’établissement d’un chemin de fer électrique transpyrénéen Luchon-Venasque initié en 1887 et déclarée auprès de l’Etat le 23 décembre 1902.
En juillet 1913, elle accueille en résidence l’acteur André Brulé1 de l’Athénée venu en cure, en compagnie de l’auteur dramatique Yves Mirande2 et de Gaston Moch3.

André Brulé.

Yves Mirande en 1931.

Gaston Moch
Sa locataire la plus célèbre fut Marguerite Burnat-Provins, connue à Luchon par le nom de son mari Paul de Kalbermatten alors directeur de la Société Générale d’Entreprise. C’est cette société qui a posé les conduites forcées de l’usine du lac d’Oô.

Marguerite Burnat-Provins – Autoportrait le doigt sur la bouche.
Elle s’installera avec Paul en 1918 à la Villa Larrieu à Saint-Mamet, puis à la Villa Berdot, 11, route de Saint-Mamet, enfin à la Villa Frascati, allée de Barcugnas tous les étés de 1918 à 1922.

Marguerite Burnat-Provins à la Villa Frascati à Luchon en 1921.
Marguerite Burnat-Provins, (Arras 1872 – Grasse 1952), est une écrivaine et peintre franco-suisse.
Son père, avocat respecté et lecteur érudit, peintre à ses heures l’initie à la culture, à la contemplation de la nature, et il l’encourage à écrire et à peindre. Mais très jeune, elle côtoie la mort, et dès 1889 connaît des ennuis de santé. Elle est ainsi gagnée par un sens du tragique de la vie qui ne la quittera plus.
En 1891, elle entame à Paris des études artistiques, dans des institutions privées, l’École des Beaux-Arts étant alors fermée aux femmes. Elle achève sa formation en 1896 dans cette École des Beaux-Arts, une fois cette interdiction levée.
Elle épouse, en 1896, un architecte suisse, Adolphe Burnat qu’elle a connu à Paris. Elle vivra en sa compagnie douze années en Suisse romande.
Cette période est marquée par des rencontres capitales pour la jeune artiste, par la présentation de ses œuvres à diverses expositions, par une activité d’enseignante, de journaliste et même de conférencière. Sur le plan pictural, elle développe peu à peu son style personnel dans des portraits, des compositions à forte connotation symboliste, des paysages et des scènes de genre. Elle s’exprime aussi à travers les arts décoratifs, marquant progressivement une discordance entre le contenu de ses œuvres et la réalité de son existence. Sa vie oscillera elle aussi entre le désir de vivre et celui de mourir, de vivre ou de créer, de vivre sereinement dans une forme de sédentarité ou de partir à la découverte du monde.
Assez vite, Marguerite Burnat-Provins s’ennuie et souffre du milieu protestant très étroit dans lequel elle évolue chez les Burnat, mais elle peint, brode, crée des affiches, écrit beaucoup, décore des boîtes de chocolats pour la maison Suchard.
En 1908, elle rompt son mariage et quitte définitivement la Suisse. En 1910, elle épouse civilement Paul de Kalbermatten. Le couple s’établit à Bayonne, mais le climat néfaste à sa santé, elle part s’installer à Salies-de-Béarn.
Elle voyage beaucoup, en Égypte où Paul est appelé à la construction d’un chemin de fer, et pour sa santé en Syrie et au Liban. En Afrique du Nord, en particulier au Maroc, qui sera un temps son pays d’élection et animera ses rêveries exotiques.
Quand la Première guerre mondiale éclate, elle est prise par des visions. Le très grand choc que provoque en elle la guerre, l’amène à entamer une série de peintures hallucinatoires qui deviendront une de ses œuvres maîtresses. Elle voit alors défiler des figures, des personnages, mi-hommes mi-animaux, qu’elle va coucher frénétiquement, par milliers, sur la feuille au crayon et à l’aquarelle, et cela jusqu’à sa mort.

Peinture hallucinatoire 1.

Peinture hallucinatoire 2.
En 1918, elle rejoint Paul à Luchon, puis en 1919 elle voyage en Algérie : Alger, Constantine, Timgad, Biskra. L’expérience est bénéfique pour sa santé, le climat ressourçant. Elle se plonge dans l’Antiquité.
Le couple ne vivra presque plus ensemble jusqu’à la retraite de Paul en 1941. Paul a une liaison avec Jeanne Cartault d’Olive, rencontrée à Luchon au début des années 20, poétesse à ses heures. Il l’épousera en 1955.
En 1923, elle s’installe à Grasse, qui sera son domicile principal jusqu’à la fin de sa vie. Toutefois, les voyages s’enchaînent, en Amérique du Sud (1923-1925) et au Maroc.
À partir de 1946, elle se retire définitivement à Grasse où elle décède le 20 novembre 1952.
Son œuvre d’écrivaine est forte d’une vingtaine de volumes de proses poétiques. Sa peinture comporte des tableaux de la vie rurale, 130 aquarelles gravées sur bois et imprimées en 260 tons différents.
Notes
1 André Brulé (Bordeaux 1879 – Neuilly 1953) est un acteur, metteur en scène et directeur de théâtre.
Élève au Conservatoire national de Musique en 1899, Sarah Bernhardt le remarque et lance sa carrière. Il joue notamment en 1908 le rôle d’Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur créé par Maurice Leblanc. En 1910, il participe à une tournée théâtrale en Belgique puis en Russie. Il joue parallèlement dans divers films muets.
Dans les années 1930, il tourne dans plusieurs films dont Les Gens du voyage de Jacques Feyder où son panache s’impose et le fait revenir au premier plan. Il tient le rôle-titre dans Vidocq de Jacques Daroy l’année suivante. En 1940, il crée au théâtre Les Monstres sacrés de Jean Cocteau, aux côtés d’Yvonne de Bray et Jany Holt. En 1942, après le tournage de Retour de flamme, il se retire des plateaux de tournage, puis de la scène.
Metteur en scène de nombreuses pièces dès les années 1920, il dirige le théâtre de La Madeleine jusqu’à sa mort. Il organise par ailleurs de nombreuses tournées théâtrales à l’étranger.
2 Anatole Charles Le Querrec dit Yves Mirande (Bagneux 1876 – Paris 1957), est un dramaturge, scénariste et réalisateur français.
Après avoir commencé une brève carrière dans le journalisme, puis la politique, Yves Mirande se lance dans le milieu du théâtre en écrivant des pièces. Il sera un roi du théâtre de boulevard avec plus de 80 pièces. Il a également écrit de nombreux scénarios pour le cinéma de 1909 à 1954, avant de passer lui-même derrière la caméra en 1932.
3 Gaston Moch (Saint-Cyr 1859 – Paris 1935) est un pacifiste et espérantiste français.
En 1879, alors qu’il est étudiant à l’École polytechnique, il se passionne pour le problème de la communication internationale. Il adhère au mouvement espérantiste en 1889 et, pendant de nombreuses années, en fait la promotion par ses paroles et ses écrits.
Capitaine d’artillerie, Gaston Moch publie en 1893 un ouvrage dans lequel il prédit une guerre de quatre ans qui unira les peuples combattants. En 1894, il démissionne de l’armée et se consacre à la propagande pacifiste en prônant l’entente franco-allemande et la défense des droits de l’homme.
Il n’en est pas moins patriote et sert volontairement sous les drapeaux durant la Grande Guerre. À ce titre, il est fait officier de la Légion d’honneur en 1919.
Partisan d’une armée démocratique, il apporta son soutien à Alfred Dreyfus en étant son seul camarade, dans la promotion 1878 de Polytechnique, à témoigner en sa faveur.Il fut aussi l’un des dirigeants du mouvement espérantiste.
Il fonde et dirige l’Espoir pacifiste (1905-1908) et préside l’Institut international de la paix à Monaco.

Plaque.
